Terre contaminée transportée du Saguenay à Lanaudière: des élus réclament un moratoire

La Ville de Mascouche et d’autres municipalités dans Lanaudière demandent un moratoire dans le transport et l’enfouissement de sols contaminés aux PFAS, en provenance de la base militaire de Bagotville, au Saguenay–Lac-Saint-Jean.
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En plus des 80 000 tonnes de sols contaminés aux PFAS déjà transportés du Saguenay, l’entreprise mascouchoise Signaterre Environnement pourrait en recevoir 85 000 supplémentaires, si elle remporte le second appel d’offres.
Un moratoire est demandé par les élus de Lanaudière.
Capture d’écran / LCN
«Peut-être que dans quelques années, on va se dire, on aurait dû agir. On demande au gouvernement du Québec de mettre un moratoire, de faire un BAPE générique, de savoir comment on traite nos sols contaminés», affirme le maire de Mascouche, Guillaume Tremblay, en entrevue avec TVA Nouvelles.
Dans le premier appel d’offres, les sols contaminés étaient transportés du Saguenay jusqu’aux terrains de l’entreprise Signaterre, à Mascouche, à 450 km de distance.
Les sols contaminés y sont enfouis, sans être traités. L’entreprise assure cependant que l’enfouissement se fait dans une cellule à sécurité maximale.
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«C’est la conception la plus sécuritaire qui peut y avoir en matière d’enfouissement. Ce n’est pas seulement dans un trou. C’est dans un massif d’argile naturelle, avec deux couches de polyéthylène à haute densité. Et tous les liquides sont pompés entre toutes les couches, de façon continue et traitée en continu de façon efficace, pour les PFAS également», décrit le directeur général de Signaterre Environnement, Samuel Roger.
RSI Environnement à Saint-Ambroise, au Saguenay, possède les technologies pour traiter et recycler la matière. Ce procédé est cependant plus coûteux. «On est toujours non détecté en PFAS par la suite, on a éliminé 100% du contaminant, on est capable de faire du terreau à partir des sols qu’on a décontaminés», affirme Luc Caza, directeur général chez RSI Environnement.
Les PFAS sont communément appelés les polluants éternels en raison de leur persistance dans l’environnement.
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À Borden, en Ontario et à Comox, en Colombie-Britannique, les terres polluées au PFAS avaient été décontaminées par traitement thermique. À Bagotville, la décision a été différente.
«On s’explique mal pourquoi une entité comme celle-là ne demande pas un traitement, quand on sait qu’il est efficace, qu’il est à côté de chez eux et qu’ils ont la possibilité de le faire», se désole le directeur général de l’entreprise de Saint-Ambroise.
«Ce qui est encore plus fou, c’est qu’à Borden, les sols contaminés sont allés chez vous au Saguenay. Là, on parle de terres à 30 minutes, mais on préfère l’envoyer dans le parc des Laurentides, rouler jusqu’à Montréal presque, jusqu’à Mascouche! Je comprends que le prix est plus abordable, mais il y a peut-être des questions à se poser sur l’environnement cependant», se questionne le maire de Mascouche.
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La Ville de Mascouche et celle de Terrebonne ont adopté une résolution pour demander un moratoire. Dans une lettre envoyée aux maires, le ministre de l’Environnement du Québec a rejeté cette demande.
«Imposer un moratoire sur le transport de sols contaminés en SPFA en provenance de la base militaire de Bagotville serait injustifié. De plus, puisque le fédéral a agi en conformité de la réglementation environnementale et le respect du processus d’octroi de contrat public, une intervention du ministère serait certainement mal reçue par les parties prenantes», peut-on y lire.
Dans une lettre envoyée mardi, le maire de Mascouche s’adresse désormais au premier ministre du Canada pour faire modifier ou annuler l’appel d’offres. «Pourquoi c’est bon en Ontario, en Alberta, mais pas au Québec?» lance-t-il.
Le chef du Bloc Québécois demande aussi l’annulation de cet appel d’offres.
Le ministère de la Défense nationale pourrait réagir ultérieurement.
Voyez le reportage complet dans la vidéo ci-dessus.